Foued Mokrani

Un homme est assis sur le bord d'un rivage. Il lance sa
ligne munie d'une petite plaque de métal dorée garnie
d'hameçons de premier choix. Il veut provoquer le poisson
par le mouvement. Il réessaye plusieurs fois. Il n'y arrive
pas. Pas de poissons. C'est pourtant la pèche la plus
simple. Il dépose sa canne, dépité. Il se retourne, je me
reconnais. Un peu plus loin, un enfant dessine un cheval,
symbole de liberté, son père est fou de joie. Il part puis
revient avec un gâteau plus grand que l'enfant. L'enfant
plonge dans le gâteau avec son cheval. Il plonge dans la vie
avec son désir de liberté. Je plonge dans la rivière
convaincu de pouvoir attraper un poisson avec les mains. Le
rêve est coloré, sublime et peut-être sublimé, le rêve est
clair et probablement éclairé. L'enfant a été englouti par
la crème du gâteau. Je le retrouve plus loin, très beau,
plus grand, plus âgé, avec son cheval. Je lui dis : ce
rêve est très différent des autres, ne trouvez-vous
pas ? Il me regarde, fait le poirier, reste en
équilibre sur la tête, tête en bas il me dit : les
choses ne sont pas si simples.
L'eau de la rivière change souvent de couleurs, du bleu au
jaune en passant par du rouge coquelicot puis le cours d'eau
s'assèche rapidement. Je m'avance vers lui et
poursuis : il ne manque que le vent... puis je siffle.
Il se remet droit : je me présente, Foued Mokrani, vous
êtes Patrick Lowie, n'est-ce pas ? N'en soyez pas
étonné, je n'invite pas des inconnus dans mes tableaux. Je
pensais être dans un rêve, je suis dans un tableau du
peintre. Cela me fait sourire. Nous sommes dans un de mes
tableaux mais dans votre rêve. Je vous ai invité pour une
raison simple : je fais un rêve récurrent depuis de
nombreuses années que j'aimerais ne plus faire, en fait
c'est un cauchemar. Dans ces rêves, je suis en conflit avec
ma famille. Ils n'apprécient pas mes choix, mon
indépendance, ce que je suis. Pourriez-vous m'aider ?
Le vent souffle enfin.
Je raconte : il était une fois un âne, un dindon
sauvage, un arbre, une fleur à deux têtes et un soleil. Ils
sont incapables de communiquer entre eux, l'âne essaye avec
le dindon mais le dindon est plus bête que l'âne. La fleur à
deux têtes est belle mais elle ne parle qu'à elle-même,
l'arbre ne veut même pas en parler et le soleil joue son
rôle de les éclairer jusqu'au crépuscule. Qui a
raison ? Foued Mokrani me dit : qui a raison de
quoi ? Où est le problème ? Je m'éloigne un peu et
lui dis : exactement ! Il n'y a pas de problème.
Tout le monde a pris sa place, ils ont tous raisons, le
tableau est beau, et il n'y a plus de problème. Il pose avec
un geste d'étonnement puis me dit : le tableau que vous
venez de décrire, je l'ai déjà peint, nous y sommes. Du
coup, je ne comprends pas si c'est du tableau que vous
parlez ou de ce rêve avec mes parents. Je lui explique qu'il
s'agit des deux. Qu'il avait lui-même la solution, là devant
ses yeux, d'un problème qui n'existait pas. Il ajoute que
pour lui, peindre ou dessiner c'était une sorte de
méditation, pour vider son esprit, pour ne penser à rien. Je
pense que c'est la seule définition valable pour un
artiste : vider son esprit.
Je lui dis que j'aime beaucoup ce qu'il fait, je m'approche
de l'arbre qui imprime tout ce qu'il voit, tout ce qu'il
entend, l'âne insiste auprès du dindon sauvage, et le
peintre-soleil nous éclaire pendant que je me raconte de
belles histoires oniriques.
Qui est Foued Mokrani ?
De père algérien kabyle et de mère italienne,
Foued Mokrani a grandi en Tunisie qu'il a quitté à l’âge
de 22 ans. Il est coach sportif à Paris, il aime
l’indépendance et vivre sans restriction, passionné par
l’art et les voyages. Il n’aime ni la religion ni
l’intolérance ni la politique. La santé et la liberté
sont ses ingrédients de bonheur.
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